Santé du foie : les conséquences d’une mauvaise alimentation

En collaboration avec Andréanne Martin, nutritionniste

Une alimentation et des habitudes saines permettent d’entretenir l’intégrité et le bon fonctionnement du corps. Une déviation continuelle vers un mode de vie non adéquat aura des impacts sur la santé globale d’un individu et contribuera au dysfonctionnement ou à la détérioration des organes essentiels, dont le foie. Ce dernier est l’un des organes les plus importants dans l’équilibre des réactions biochimiques et enzymatiques.

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Saviez-vous que?

Le foie est impliqué dans plus de 500 fonctions vitales :

  • Il produit la bile qui permet au petit intestin de mieux digérer et absorber les gras de même que certaines vitamines. Les bons gras sont essentiels à la santé cardiovasculaire, à la diminution de l’inflammation et à la santé mentale. Une sécrétion adéquate de bile facilitera donc la digestion et l’absorption de ces acides gras consommés.
  • Les enzymes du foie décomposent les protéines contenues dans les aliments pour les dégrader en acides aminés et permettre leur absorption, lesquels seront assemblés à nouveau une fois dans la circulation sanguine. Ces nouvelles combinaisons d’acides aminés permettront l’obtention par exemple de protéines de transport (hémoglobine, etc.), d’immunoglobulines (anticorps) ou de neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine, etc.), tous des éléments indispensables à l’équilibre de nos fonctions vitales.
  • Le foie entrepose les glucides (sucres) consommés sous forme de glycogène qui sera libéré lorsque nécessaire pour maintenir un taux de sucre adéquat dans le sang ou pour avoir de l’énergie supplémentaire lors d’une activité physique plus intense et de longue durée.
  • Les vitamines A, D, E, K et B12 sont emmagasinées dans le foie. Certaines d’entre-elles ont d’étonnants pouvoir antioxydants et sont nécessaires à la synthèse de neurotransmetteurs impliqués dans une santé mentale optimale.

Habitudes alimentaires qui nuisent à la santé du foie

À la lumière des informations mentionnées ci-haut, il est évident que tout devrait être mis en place, dans la mesure du possible, pour limiter ou éviter les dommages au foie, puisque ces derniers pourraient compromettre certaines fonctions fondamentales.

Consommation d’alcool

L’une des 500 fonctions du foie est la dégradation de l’alcool. Si cet alcool est consommé en trop grande quantité, le foie y consacre une grande part de son énergie. A long terme, les conséquences seront manifestes pour l’organe : destruction de ses cellules, accumulation de graisses (foie gras), inflammation (hépatite alcoolique) voire l’apparition d’un cancer.

On recommande un maximum d’une consommation à la fois pour les femmes et de deux consommations à la fois pour les hommes et ce, quelques fois par semaine et non tous les jours.

Rappelez-vous que, même si le vin rouge contient des polyphénols et que certains vins rosés contiennent moins de sucres et de calories, aucun alcool n’est plus nutritif qu’un autre. C’est la quantité et non le type d’alcool qui importe. Une consommation équivaut à 12 oz. (341 ml) de bière, 5 oz. (142 ml) de vin et 1.5 oz. (43 ml) de spiritueux.

Consommation de sucre et de gras

Une consommation excessive de sucre ou de gras surcharge le foie. Cela provoque souvent une accumulation importante de gras au sein de l’organe et prédispose l’individu au syndrome métabolique qui implique un taux de cholestérol élevé, un taux de sucre au-dessus des normes, un risque de cirrhose du foie et même de cancer. L’assimilation des aliments transformés telle qu’on la connaît depuis plusieurs années engendre cette surdose de gras et de sucre au quotidien. Il est fréquent de constater que le sucre occupe la première position dans la liste des ingrédients d’un produit.

Par surcroît, les gras utilisés font souvent partie de la famille des gras saturés, et ont un impact négatif sur la santé globale. On les identifie ainsi : « gras hydrogénés », « shortening », « huile de palme », etc.

Les gens passent de moins en moins de temps à cuisiner et les restaurants de nourriture rapide offrent des options qui sont souvent beaucoup plus riches en glucides et en lipides (gras) que ce qui est préparé à la maison et ce, pour un même menu. Encore une fois, la répétition des repas pris au restaurant, sans nécessairement en considérer la qualité ou le type d’ingrédients ou d’aliments utilisés, contribuera à dépasser le taux de macronutriments, ce qui peut nuire à la santé du foie.

Autres impacts de nos choix alimentaires sur la santé du foie

Considérant les rôles attribués au foie dans le maintien d’une santé globale, il est facile d’identifier les conséquences de choix alimentaires nocifs.

En effet, si le foie occupe une trop grande partie de son énergie à la recherche d’un équilibre perturbé par des aliments non sains, il risque de perdre certaines de ses fonctions vitales.

Les protéines ne seront pas totalement digérées. Les cellules n’auront pas accès à tous les acides aminés dont elles ont besoin pour fabriquer les messagers chimiques qui induisent des cascades de réactions biochimiques dans le corps.

Par exemple, lorsque le cerveau envoie un message de contracter le bras pour effectuer un mouvement, ce messager sera synthétisé au niveau des cellules du cerveau. Les neurones et les ingrédients pour fabriquer ce neurotransmetteur sont entre autres, les acides aminés provenant de la digestion complète des protéines. D’autres messagers chimiques (neurotransmetteurs), fabriqués de la même façon, sont également impliqués dans la dépression, la gestion du stress, le bien-être, la vigilance, le sommeil, etc.  

Le foie exerce également un rôle de filtre des substances nocives absorbées ou produites à l’interne. Des habitudes alimentaires non adéquates pourraient compromettre cette fonction d’auto-nettoyage, favorisant l’accumulation de substances non désirées à l’intérieur du corps.

En conclusion

En cas de modification de l’hygiène de vie, les effets peuvent apparaître rapidement : niveau d’énergie, qualité du sommeil et capacité de concentration.

Dans un second temps, on peut voir certains marqueurs se modifier positivement tels que le taux de sucre, le taux de cholestérol, la tension artérielle, le poids, le tour de taille et les réserves sanguines de micronutriments.

Il est parfois plus difficile de constater les dommages internes lorsqu’on s’alimente moins bien, puisque les méfaits s’instaurent insidieusement. Mais nous sommes faits de ce que nous mangeons. Alors assurez-vous de choisir le bon carburant pour votre corps, votre outil le plus précieux pour réaliser tous les défis qui vous inspirent.

Sources

https://www.liver.ca/fr/your-liver/

Ordre Professionnel des Diététistes du Québec

https://extenso.org

https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition.html