Alimentation et maladies du foie

En collaboration avec Andréanne Martin, nutritionniste chez Plakett Nutrition

Selon la Société canadienne du foie, un canadien sur quatre présentera une maladie  associée à cet organe. La « maladie du foie gras non alcoolique » est actuellement la plus répandue et touche près de 7 millions de personnes.

Selon les dernières statistiques, le cancer du foie est en hausse et s’avère être le plus meurtrier au Canada. Ces nouvelles sont certes alarmantes, mais il s’agit heureusement d’un portrait qui pourrait être rectifié par la modification de certaines habitudes de vie, notamment via l’alimentation.

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En mode prévention

À titre d’exemple, qu’il soit question d’hépatite, de cirrhose, de stéatose ou de cancer du foie, plusieurs recommandations nutritionnelles peuvent s’appliquer pour les prévenir. Limiter l’accumulation de graisses au niveau abdominal et opter pour une alimentation anti-inflammatoire et riche en antioxydants devient fondamental.

En effet, on associe de plus en plus l’accumulation de gras abdominal à une consommation trop élevée de glucides, principalement les sucres à absorption rapide que l’on retrouve dans :

  • les sucreries,
  • les produits céréaliers raffinés (pain blanc, riz, pâtes à base de farine enrichie et non entière, craquelins sans fibres, etc.),
  • les boissons gazeuses,
  • les yogourts additionnés de sucre,
  • les jus de fruits et les desserts.

 

Pour s’y retrouver, il devient capital de se familiariser avec la lecture des étiquettes nutritionnelles et de la liste d’ingrédients d’un produit. Cela permet de rapidement repérer les aliments et breuvages qui contiennent des sucres ajoutés et de cuisiner des repas qui respectent le modèle de l’assiette santé dans laquelle les légumes occupent la moitié de l’espace, les protéines, un peu plus du quart et les produits céréaliers de grains entiers y siègent dans le dernier quart.

Ce format rend possible la diminution de l’apport en glucides totaux tout en s’assurant un apport optimal en fibres et en nutriments anti-inflammatoires et antioxydants.

Afin de limiter l’inflammation au sein du corps humain, des données scientifiques démontrent les effets positifs créés par la diminution des gras saturés et « trans » et par l’augmentation des bons gras et des végétaux. Concrètement, on suggère de limiter les charcuteries, la friture, les produits laitiers gras et les pâtisseries contenant des gras hydrogénés et d’augmenter la consommation des aliments du règne végétal.

Les fibres et les nutriments retrouvés dans les fruits et légumes permettent de limiter les processus inflammatoires entre autres, via leur rôle de substrat énergétique pour les bonnes bactéries de l’intestin. Ces dernières limitent les processus inflammatoires lorsqu’elles sont présentes en grande quantité dans notre intestin et qu’elles sont nourries adéquatement par l’intermédiaire des fibres et antioxydants contenus notamment dans les végétaux colorés.

On reconnait également des propriétés anti-inflammatoires aux oméga-3, un gras présent dans certaines noix et graines principalement la noix de Grenoble, les graines de chia et de caméline. Les poissons gras en sont une très bonne source. Une consommation quotidienne d’oméga-3 additionnée d’une quantité appréciable de légumes aux repas et de deux portions de fruits par jour permettent d’aller chercher un éventail intéressant de nutriments anti-inflammatoires donc, d’agir pour la prévention de diverses problématiques de santé dont celles du foie.

En mode traitement

Dans les situations où la maladie hépatique est déjà au rendez-vous, il importe de toujours consulter un médecin et une diététiste-nutritionniste avant d’entreprendre des traitements naturels à base de plantes, puisque certaines d’entre-elles peuvent s’avérer être toxiques pour le foie.

Peu importe la problématique du foie présente, l’abstinence d’alcool est de mise.

Hépatite

Les hépatites sont des maladies inflammatoires causées par des virus ou des substances chimiques toxiques, comme l’alcool ou les médicaments. Généralement, les lésions inflammatoires sont réversibles, toutefois si l’hépatite devient chronique les lésions deviennent irréversibles.

L’alimentation suggérée ressemble de très près à l’alimentation méditerranéenne, soit une alimentation équilibrée telle que présentée dans la section « prévention ». Plus spécifiquement, les apports en protéines sont à surveiller et doivent représenter environ 1g/kg de la masse corporelle de la personne. Par exemple, pour un individu qui pèse 68kg, sa consommation de protéines devra se situer entre 65-70g par jour, représentant 20g par repas et 3-5g par collation.

Stéatose et cirrhose

La stéatose hépatique se caractérise par une accumulation de graisse au niveau du foie qui progresse en cirrhose et en cancer par la suite si elle n’est pas prise en charge. Elle peut être causée par l’alcool, mais actuellement, dans la plupart des cas, ce sont les habitudes de vie occidentales qui en sont la cause. En guise de rappel, un tour de taille élevé, une alimentation riche en sucres simples et en gras saturés de même qu’un manque d’activité physique sont parmi les principaux facteurs de risque.

À l’heure actuelle, il n’y a pas de médicament spécifique pour le traitement de la stéatose hépatique. La médecine propose donc la modification des habitudes de vie comme principal traitement.

À la lumière des précédentes informations, les objectifs sont donc, la diminution du tour de taille en limitant l’apport en sucres simples au profit des protéines dont l’apport s’élève à 1.0-1.5 g/kg de la masse corporelle.

Les diététistes-nutritionnistes veillent avec leurs clients à trouver des moyens simples pour augmenter la consommation quotidienne d’aliments riches en fibres.

Substituer les produits céréaliers raffinés par ceux faits de grains entiers est une première étape importante. Ajouter des fruits et légumes à l’apport actuellement consommé et intégrer davantage le végétarisme comme mode alimentaire en cuisinant des plats à base de légumineuses font également partie des stratégies gagnantes.

Parmi les autres actions à poser, il importe de privilégier les végétaux colorés afin d’augmenter la consommation d’antioxydants et de prioriser les gras mono et polyinsaturés tels que l’huile d’olive, de canola et de caméline.

Telle que mentionnée précédemment, une façon simple de repérer les gras à soustraire de l’alimentation (gras « trans » et saturés), est la lecture attentive de la liste des ingrédients des produits consommés. Il est à noter que ces gras peuvent se cacher sous la mention « gras hydrogénés » ou « shortening ». D’autre part, tout produit frit sur lequel on peut lire « sans gras trans » ne l’est pas automatiquement.

Bien qu’il n’y ait pas de gras « trans » ajoutés, au moment de la friture, les gras saturés utilisés se transforment en gras « trans » et l’effet néfaste est bien présent.

À ces recommandations nutritionnelles, il importe aussi d’augmenter quotidiennement son activité physique pendant au moins 30 minutes si cela n’est pas déjà le cas.

Cancer du foie

Le cancer du foie peut se développer soit à cause d’une maladie hépatique chronique (hépatite B ou C, stéatose hépatique) ou par la migration des cellules cancéreuses provenant d’un autre organe (souvent l’intestin).

La mise en application des recommandations préalablement mentionnées est fortement conseillée et selon la gravité de la situation, il faudra adapter les choix selon les traitements médicaux en vigueur. Ici, les recommandations nutritionnelles devront être personnalisées et validées avec la/le nutritionniste qui accompagne la personne aux prises avec la problématique.

 

La nutrition est depuis toujours au cœur même de la santé globale. Il importe de se fixer des défis réalistes, mais de toujours demeurer dans l’action en ayant comme but ultime de pouvoir jouir au maximum de ce que la santé rend possible.

 

Bibliographie :

Ordre des nutritionnistes et des diététistes du Québec, Manuel de Nutrition Clinique, consulté en ligne, le 29 août 2018.

Freidoony L, DeokKong I. Practical approaches to the nutritional management of nonalcoholic fatty liver disease. Integrative Medicine Research. Volume 3, Issue 4, December 2014, Pages 192-197

McCarthy E.M. , M.E. Rinella M.E. The role of diet and nutrient composition in nonalcoholic fatty liver disease. J Acad Nutr Diet.Volume 112, Issue 3, March 2012, Pages 401-409

Société canadienne du foie, https://www.liver.ca/fr/patients-caregivers/liver-diseases/. Page consultée le 29 août 2018.